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Conférence : ” Comparaison socio-anthropologique entre la « cyberdépendance » chez l’adulte et chez l’enfant en 2014, dans le cadre du colloque international “Déconnexions volontaires aux TIC”

Conférence  de Maxime Derian le jeudi 13/02 à 13h30 dans le cadre du colloque “Déconnexions Volontaires”  à l’Université de Pau, se déroulant du 13 au  14  février 2014, lors de l’Atelier : L’Hyperconnexion : Dépendance, Addiction, Pathologie ?
 
“D’après nos observations, la « cyberdépendance » n’a pas les mêmes conséquences chez les adultes et chez les enfants d’aujourd’hui, en 2014. Les modalités de déconnexion volontaires ne sont donc pas les mêmes et n’ont pas le même enjeu pour ces deux catégories de la population. Le « tout numérique pédagogique » pose probablement autant de problèmes qu’il n’en résout. Comment penser une connexion et une déconnexion pédagogiquement « appropriée » pour les enfants ?
 

Les prothèses « cognitives » (les ordinateurs, les consoles de jeu, les smartphones, et bientôt les Google Glasses® ou autres dispositifs de réalité augmentée ou de réalité virtuelle…) accompagnent de plus en plus étroitement l’activité mentale et sociale de l’individu.

Le besoin irrépressible, pour certains « adeptes », de se connecter aux sites web comme Facebook, aux boîtes e-mail, pour s’adresser à son semblable, témoigne de l’essor de nouvelles pratiques sociales et culturelles qui se développent fortement depuis le début du XXIe siècle.

Certains utilisateurs de smartphone, quand ils sont amenés à ressentir ce que nous nommons une « angoisse de déconnexion » expriment clairement une forme de surinvestissement affectif à propos d’un objet qui n’est plus, à leur yeux, un gadget, ou un accessoire mais un élément primordial des rituels quotidiens. C’est la forme la plus répandue de ce nous désignons sous le terme de « cyberdépendance ». Il semble que des personnes de différents âges sont affectées par ce type particulier de dépendance.

Les principales séquelles d’un usage excessif de prothèses cognitives sur le comportement social et cognitif de l’adulte seront examinées dans la présentation.

Nicholas Carr, Thierry Crouzet, Matthew Crawford sont différents auteurs qui argumentent en faveur d’une salutaire déconnexion. Il s’adressent cependant principalement à des adultes.

Or, un adulte d’aujourd’hui peut en fait choisir en toute conscience d’utiliser ou non une prothèse cognitive. Pour un individu qui a grandi dans un système scolaire sans e-book, sans recours incessant à des outils numériques, il paraît en effet toujours imaginable pour lui de revenir à une habitude de lecture et de pensée antérieure, basée sur une lecture attentive de livres non interactifs et non communicants, et ceci du début du livre jusqu’à sa fin. La situation est radicalement différente que de l’ enfant qui n’a même pas atteint « l’âge de raison » mais qui est déjà « accro » au numérique.

N’en déplaise à certaines personnes fascinées par les outils numériques, l’usage « excessif » et insuffisamment structuré de prothèses cognitives représente probablement une menace pour le développement cognitif des enfants.

L’essentiel du problème est que ces machines peuvent modeler, avant l’âge de dix ans, un fonctionnement très problématique de l’attention et du rapport à l’Autre qui peut nuire à l’ensemble des apprentissages auxquels un enfant doit se soumettre. La cyberdépendance précoce peut notamment inciter l’enfant à vouloir effectuer une consommation compulsive, impulsive de stimulations numériques. Cela peut générer chez lui insatisfaction maladive et un sentiment de manque en cas de « déconnexion ».

Il demeure important de réfléchir à la définition même de la notion d’usage excessif et de « cyberdépendance ». Et de situer ces usages en fonction de l’âge de l’utilisateur.

Je propose d’effectuer une analyse des conséquences de la cyberdépendance précoce. En guise de contrepoint, il semble intéressant de présenter un retour d’expérience concret à propos d’une observation participante dans une école Waldorf-Steiner (très en vogue chez certaines familles de cadres des sociétés informatiques). Ce type d’école réserve l’usage des l’informatique aux élèves de plus d’une douzaine d’années et « sanctuarise » de fait les classes de maternelle et de primaire par rapport aux outils numériques.”

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Argumentaire du colloque :

Ubiquité, immédiateté et permanence par-delà le principe de réalité de ce monde qui sépare, éloigne et isole : les TIC ont été des outils quasi magiques pour la génération qui les a découverts. Ce nouveau monde d’interconnexion généralisée n’a toutefois de sens que si les interlocuteurs, au bout du fil et des ondes, répondent : d’où l’injonction à rester de plus en plus connecté. Une connexion synonyme d’immédiateté, de sécurité, d’ouverture et d’évasion, mais aussi d’informations non désirées, d’appels intempestifs, de surcharge de travail, de confusion entre urgen février à 13h30ce et importance, de nouvelles dépendances et de contrôles non autorisés. Ce rapport aux TIC est l’une des caractéristiques du contexte hypermoderne dans lequel nous vivons. Les hyperconnectés ont été les premiers à faire l’expérience des inconvénients induits par un usage intensif des TIC. Ils ont aussi été les premiers à s’engager dans la voie d’une nouvelle pratique inattendue : la déconnexion volontaire.

La déconnexion volontaire n’est quasi jamais totale et permanente. Elle apparaît plutôt comme étant partielle, ponctuelle et donc provisoire. Par conséquent, la déconnexion volontaire ne s’explique et ne se comprend pas sans saisir le sens et la place occupée par la connexion dans la vie des personnes. Les communications analyseront les motivations et les enjeux de la déconnexion dans un monde connecté. Elles révéleront les stratégies de déconnexion, les tensions inhérentes au jeu s’instaurant entre connexions et déconnexions ponctuelles ainsi que les conséquences de l’expérience de déconnexion sur le rapport au temps, à l’espace, aux autres et à soi-même des individus.

Maxime Derian

Rédacteur : Maxime DERIAN (Phd). Anthropologue des techniques (technologies numériques, e-Santé & mutations des sociétés industrielles). Université du Luxembourg. Contact: maxime.derian@gmail.com / maxime.derian@uni.lu

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Déconnexions volontaires aux TIC – Colloque international les 13 & 14 février 2014 à l’Université de Pau

Interventions de Maxime Derian dans le cadre du colloque international Déconnexions volontaires aux TIC :

Problématique : D’après nos observations, la « cyberdépendance » n’a pas les mêmes conséquences chez les adultes et chez les enfants d’aujourd’hui. Les modalités de déconnexion volontaires ne sont donc pas les mêmes et n’ont pas le même enjeu pour ces deux catégories de la population. Le « tout numérique pédagogique » pose probablement autant de problèmes qu’il n’en résout.

Question de recherche : Comment penser une connexion et une déconnexion pédagogiquement « appropriée » pour les enfants ?

Méthodologie : Retour d’expérience à partir d’observations participantes, de rencontres et de lectures, dans le cadre d’une méthode sociologique et anthropologique (CETCOPRA).

13 Février 2014 à 13h30
Salle CHADEFAUD à l’INSTITUT CLAUDE LAUGÉNIE
Université de Pau et des pays de l’Adour

Cinq laboratoires sont membres du projet Devotic :

  • Société, environnement et territoire (CNRS/Univ. de Pau et des Pays de l’Adour)
  • Médiation, information, communication, art (Univ. de Bordeaux) ;
  • Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (CNRS/Univ. Toulouse-Jean Jaurès) ;
  • Laboratoire de changement social et politique (Univ. Paris-Diderot) ;
  • Groupe de recherche interdisciplinaire en communication organisationnelle (Univ. d’Ottawa).

Plus d’informations sur le Journal du CNRS

Maxime Derian

Rédacteur : Maxime DERIAN (Phd).

Anthropologue des techniques (technologies numériques, e-Santé & mutations des sociétés industrielles). Université du Luxembourg.

Contact: maxime.derian@gmail.com / maxime.derian@uni.lu

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« Nano et prothétique – Rétines artificielles, prothèses… », intervention au cours de la “Journée Nano, santé et société”, Paris, 10 décembre 2013

Le séminaire interne de réflexion du C’Nano IdF (CNRS, Paris Diderot), le 10 décembre 2013 à Paris.

  • Cette conférence de Maxime Derian (rédigée conjointement avec Sébastien Broca, CETCOPRA) mêle une interrogation philosophique basée sur une revue de la littérature avec des observations socio-anthropologiques sur le terrain dans des laboratoires de recherches ayant recours à des nano-objets implantés (dans le cadre de recherches sur les :
  • rétines artificielles ;
  • biopiles à glucose ;
  • biopuces…

Cette recherche s’est effectuée en lien avec le projet projet Nano2e (Nanotechnologies : éthique et épistémologie)

Horaire : 9h -17h (conférence sur les implants vers 15h).

Lieu : Université Paris Diderot – l’Amphithéâtre Pierre-Gilles de Gennes du Bâtiment A de Condorcet

Dans l’« économie de la promesse » qui se met en place autour des nanotechnologies, celles-ci sont régulièrement décrites comme un moyen de rendre les implants plus performants (par exemple grâce aux propriétés des nano-tubes de carbone), moins invasifs (par exemple, dans le cas de la DBS, les « brain pacemakers » seraient plus petits), et éventuellement mieux intégrés d’un point de vue physiologique ou encore de permettre des nouveaux usages thérapeutiques (biopiles à glucose, biopuces, rétines artificielles).
Un trait commun entre tous les nano-objets implantés, c’est les difficultés que posent les expérimentations sur l’humain. Les implants actifs sont généralement explantables (les pacemakers, même les stimulateurs rétiniens, et à la limite les implants cochléaires). Il peuvent être ôtés et remplacés. Ce n’est plus possible avec des nano-objets, ils restent à demeure dans le corps. L’irréversibilité du recours à des nano-objets implantés met en exergue les questions liées aux choix thérapeutiques (quand ils se présentent) et à l’importance de clarifier encore davantage la distinction entre ce qui est “normal” et ce qui est “pathologique”. Les patients notamment, en très bas âge, ne peuvent guère émettre de “consentement éclairé”. La question qui se pose alors c’est de déterminer si l’implant (ou le nano-implant) est posé (quand cela est faisable techniquement) pour le bien de l’enfant ou alors si cela correspond à un désir des parents d’effacer un trait de la personnalité de ce dernier.

 

Maxime Derian

Rédacteur : Maxime DERIAN (Phd).

Anthropologue des techniques (technologies numériques, e-Santé & mutations des sociétés industrielles). Université du Luxembourg.

Contact: maxime.derian@gmail.com / maxime.derian@uni.lu

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